S'il est une chose que je sais sur moi et dont je douterai en dernier, c'est que je recherche la Vérité. C'est une évidence si profonde inscrite en mon être qu'il m'a fallu un moment pour accepter l'idée que cela pouvait ne pas être le cas pour tout le monde même si j'espère au fond de moi et de tout coeur le contraire. J'aime la Vérité. Rien au monde ne pourrait me satisfaire qu'elle, quoiqu'elle implique, quoiqu'elle me fasse subir, quoiqu'elle me force à renoncer. La vie m'est tout bonnement insupportable dès que je n'ai pas l'impression de m'en rapprocher, et rien ne me désole plus que de savoir que je suis obligé de la voiler d'illusion pour pouvoir la contempler sans me bruler les yeux.
Ma vie n'est qu'un parcours, qu'une longue course visant à m'approcher d'elle. Toutes les intentions que je mets dans mes actions n'ont eu d'autre objet qu'elle, et j'ai espoir que ce soit le plus souvent possible pour m'en rapprocher même si je sais que je suis bien trop faible pour que ce soit toujours le cas ; et même si au fond je n'en sais rien du tout. Je pense aujourd'hui que la Vérité n'est appréhendable qu'à travers la perception de la vie, voire même qu'elle est précisémment dans cette perception, qui inclut et dépasse le sensoriel et l'interprétation qu'en fait le mental. Je suis convaincu que chaque instant, chaque rencontre, chaque ressenti, aussi anodin soit-il est un moment captial de notre existence, et qu'il a un potentiel aussi infini que tout autre dès l'instant que l'on sait s'en rendre compte. Mais il en est certains dont il semble plus évident de comprendre et d'illustrer les conséquences, et que l'on peut regrouper dans des résumés abstraits que l'on appelle des faits et qui offre la satisfaction de rendre possible un partage et un dévoilement, aussi partiels et biaisés soient-il. En voici quelques uns me concernant, quelques bouts de vie, quelques expériences qui m'ont marquées profondemment et à jamais, et qui sauront, je l'espère, vous rapprocher autant de la Vérité qu'ils m'en ont donné l'impression pour moi.
J'ai grandi à Bourg-la-Reine, petite ville modeste de Banlieue parisienne, située entre Bagneux, ville assez pauvre et triste, et Sceaux quant à elle extrêmement riche. Bourg-la-Reine fait la transition, une sorte d'équilibre entre ces deux "extrêmes". Ce contexte particulier, qui peut passer facilement inaperçu, couplé à d'autres phénomènes dont je n'ai pas conscience, en font une ville remarquable, d'ailleurs ville de naissance d'Evariste Galois, un des plus grands mathématicien si ce n'est le plus grand de ce monde. Elle est surtout composée de gens modestes, de jeunes familles éduquées mais pas très fortunées qui cherchent à faire les choses bien, et de leur équivalent des générations d'avant. En outre, les jeunes reginabourgeois vont au collège Evariste Galois, en compagnie des gamins des HLM Balnéolais, et ensuite au lycée Lakanal, où ils cotoyent la jeunesse dorée scéenne. Ce contraste frappant, cette mixité étonnante, procure une ouverture d'esprit formidable, et permet inconsciemment d'observer les ravages et la misère que peuvent engendrer le manque d'amour, dans tout les cas de situation matériel.
J'ai grandi dans ce contexte, entouré d'une famille exceptionnelle, avec la juste dose d'épreuve et de souffrance me permettant de m'épanouir sans me briser. Etant né en fin d'année et ayant sauté une classe, j'ai toujours été le plus jeune de mes fréquentations, tout en étant l'ainé de ma fratrerie. J'ai eu ainsi comme une double vie, où d'un côté j'étais constamment challengé et regardé de haut, et de l'autre j'étais le leader essayant de tirer mon frère et ma soeur vers ce que je considérais comme étant le haut. Je suis également en très bonne santé, naturellement doué dans tout ce que j'entreprends, je ressens depuis toujours une volonté de bien faire et de faire le bien (ce qui n'est pas souvent la même chose), et je suis très sensible même si j'ai été amené à fermer mon coeur dans mon enfance. Que cela vienne de l'éducation attentionnée de mes parents ou d'une destinée déjà tracée, j'estime avoir été extrêmement gaté par l'existence mais de tout ces dons, je bénis surtout mon amour de la Vérité, auquel je sacrifierais tout les autres. Et encore une fois, conséquence ou cause de ma situtation, je désire ardemment servir l'humanité dans son ensemble, améliorer la situation de tous. Et depuis que j'ai compris que cela nécessite de travailler sur moi autant que possible, de diminuer mes besoins, de me remettre en question, de calmer mes névroses, d'apprendre comment soulager celles des autres et surtout d'accepter de ne pas contrôler ni d'être sûr du bien fondé de ses actions, j'y consacre toute mon attention et mon énergie.
Mes deux parents ayant fait des écoles d'ingénieurs, je fus élevé dans un climat rationnel ou du moins dont je ne su que percevoir la rationnalité. Je plaçais ainsi très tôt la Vérité dans l'interpretation rationnelle de cette dernière et donc dans les sciences. Je suivis naturellement le parcours logique de ma situation et allais en classe préparatoire. Contrairement à ce que beaucoup peuvent vivre là-bas, j'eus l'impression de m'épanouir pendant ces deux années de travail. Je m'y sentais comme un poisson dans l'eau, comme à ma place. Et même si j'ai pu éprouver quelques doutes, cette période me laisse une impression d'extrême facilité. J'ai aujourd'hui pris de la distance vis-à-vis de cette expérience ; même si elle m'a énormément apporté et que je suis conscient de la chance que j'ai eu de la vivre, je ne la referai probablement pas s'il m'était donné de recommencer ma vie.
Une grande chance qu'offre l'Ecole Polytechnique à ses étudiants est l'opportunité de faire un stage miliaire même si certains le voit comme une corvée à endurer, voire une raison de ne pas y aller. Suivant ma logique d'exploration de l'extrême, il était évident qu'il me fallait faire le stage le plus enrichissant, et donc pour moi le plus éprouvant et intense. Je ne fus pas déçu et j'eus la chance d'aller chez les commandos marines ou FUMACO. Je poussais là-bas les limites physiques de mon corps et de ma logique de l'époque, qui consiste à considérer son corps comme une machine à dompter par le mental. Je me suis surtout retrouvé confronté à un milieu humain hostile et difficile, seul (ou presque) au milieu de commando ne me comprenant pas ni ne souhaitant le faire. Encore une fois, même si je pourrais parler des heures durant de cette expérience qui m'a tant apporté, je m'en suis aujourd'hui beaucoup éloigné. Cela m'amuse d'ailleurs terriblement de savoir en secret, lors de certaines interactions sociales, que cela chamboulerait totalement la perception qu'a mon interlocuteur de moi d'apprendre cette partie de mon histoire.
Cela peut sembler trop intime pour être évoqué ici, mais cet amour a joué un rôle si crucial dans ma vie que je tiens à en parler. J'ai eu (pour l'instant) trois coup de foudre dans ma vie. La première fois, je n'ai jamais osé approcher la personne en question. La deuxième fois, je l'ai fait avec plus de pudeur que de succès. La troisième fois fut si intense, que je n'avais plus aucun doute. Ce fut si bouleversant que la personne n'eut à vrai dire pas le choix. Ainsi commença une relation toxique de six mois. Jamais rien ne me fit souffrir et grandir autant. J'étais tombé sur une personne dépressive et ainsi aggresive envers ses proches, que mon immaturité émotive et ma fermeture d'esprit m'empêchait de comprendre et dont mon amour m'empêchait de m'écarter. Ma vie n'avait ainsi plus de solution, je ne pouvais pas m'éloigner d'elle sans perdre tout sens à ma vie, mais sa présence me tuait. Le suicide ne m'est même pas venu à l'esprit, tellement il n'avait aucun sens par l'éloignement qu'il impliquait. Et pourtant, je remercie mille fois le destin de m'avoir permis de vivre cette histoire, sans laquelle je n'aurais jamais brisé la fermeture d'esprit et de coeur dont mon âme souffrait. Je me sens d'ailleurs aujourd'hui plus perdu que jamais en amour, ce qui me semble infiniment préférable à ma situation antérieur où je croyais savoir, suivant inconsciemment le schéma romantique absurde véhiculé par la société.
Après m'être juré de ne plus jamais au grand jamais tomber dans le piège de l'amour, après avoir remis en cause la pertinence de ses différentes manifestations, avoir exploré d'autres formes de relations, avoir vécu plus d'expériences que je n'aurais pu en rêver plus jeune, j'ai finalement retrouvé peu à peu les sensations que mon coeur meurtri pensait ne jamais plus avoir à endurer. Alerté intérieurement par ces signes avant-coureur d'une chute imminente dans le gouffre émotionnel que je m'étais promis d'éviter à tout prix, j'y ai tout de même sauté à pieds joints, car il me semblait y voir au fond quelque chose que je n'avais jamais vu auparavant. L'histoire se répète-t-elle ? Je ne crois pas, car je sens aujourd'hui l'impact considérable de mes errances affective sur ma capacité à Aimer avec un grand A, et surtout l'amour profond et lumineux que je partage avec ma chère et tendre. Je dois dire que cette nouvelle relation est de loin la plus belle qu'il m'ait été donné d'admirer, la plus intense en laquelle il m'ait été permis de croire, la plus réelle qu'il m'ait arrivé de rêver, si bien qu'il m'est impossible d'en partager la teneur, tant les mots et les images me semblent fades et vains en comparaison. Cela n'a pas été sans souffrances, loin de là. Très loin de là. Mais je la chéris, comme je chéris la fatigue qui permet, une fois arrivé en haut d'un chemin de randonnée, d'en contempler la suite avec ce regard paisible et enthousiaste que j'ai en ce moment sur ma vie.
J'adore le sport, et le basket a depuis toujours été mon sport de coeur, malgré ma petite taille. Pendant une grande partie de ma vie, je n'envisageais pas vivre sans basket, même si j'ai fini par arrêter de mon plein gré en ressentant le besoin de m'éloigner de la compétition et de prendre soin de mon corps. Je garde quand même ce beau sport à jamais dans mon coeur, et je ne crache jamais sur une occasion de le pratiquer.
Mes parents m'ont inscrit au conservatoire quand j'étais petit. J'ai toujours voulu faire de l'arcordéon, mais il n'y en avait pas au conservatoire. J'y ai fait 3 ans de percussions, puis 4 ans de trompette. C'est une vraie chance d'avoir pu faire de la musique aussi jeune, mais je n'étais pas prêt, je ne comprenais pas toute la profondeur et l'importance de la musique. J'étais doué mais je ne travaillais pas, donc j'ai fini par laisser tomber. Mais ironie du sort, le destin m'a peu à peu amené à découvrir la joie du musicien et à me remettre à la musique, véritablement cette fois, par le djembé et l'harmonica, comme si mon passage au conservatoire avait été parfaitement orchestré en vue de cette renaissance.
Comme la musique, je ne percevais pas consciemment l'intérêt de la danse étant petit. Pourtant, j'étais le premier sur le dancefloor dans les "boums", et j'aimais bouger n'importe comment sur le rythme, en particulier avec les jambes. J'ai perdu ce goût avec l'adolescence. Et de fil en aiguille, j'ai renoué avec cette partie importante de moi, d'abord par le rock à 4 temps en prépa, puis en apprenant le shuffle à Berlin, puis le swing à Paris, suivi par la découverte de la danse "spirituelle" (danse contact, extatic danse, etc...) et enfin du tango.
J'adore les jeux de société et les jeux de cartes, qui recèlent beaucoup plus qu'ils ne le laissent supposer à première vue. Ils subissent malheureusement un destin similaire à celui de la bande dessinée, qui est d'être abandonné par une soi-disant nouvelle maturité. Mais l'un comme l'autre ne sont pas réservés aux enfants ; si ils savent mieux que quiconque les apprécier, ils n'en appréhendent qu'une partie de la saveur et oublient ce qu'ils ratent quand ils désapprennent cette merveilleuse faculté lorsqu'elle n'est pas entretenue.
En arrivant en école, je fus pris d'un caprice d'apprendre une langue étrangère. Mon choix sur porta sur l'allemand, qui me semblait assez éloigné du français pour être intéressant et assez proche pour être abordable. Ainsi je suis allé à Berlin avec pour unique objectif d'apprendre l'allemand. J'ai ainsi travaillé deux mois dans une usine de pièces métalliques, puis j'y suis retourné pour un stage de 4 mois à la Frei Universität. Je parle maintenant allemand couramment, et je me sens proche de ce peuple qu'il m'est toujours agréable de fréquenter.
Je suis parti au Mexique pour deux semaines, qui furent les plus intenses de ma vie. Ce voyage, que je dois à mon ami Juliano, tomba à pic dans ma vie, et marqua le tournant qu'elle prit à ce moment. Le voyage n'a pas été déclencheur ni initiatique, mais il fut comme un tremplin pour la suite, et se déroula avec tant de justesse et d'intensité que j'en suis encore abassourdi.
Il y a dans les drogues beaucoup de nuances et de subtilités auxquelles l'honnête citoyen n'a malheureusement pas accès. Certaines d'entre elles, prises dans de bonnes conditions, dans le respect de ce qu'elles sont et de ceux qui les connaissent (i.e. les chamanes) et dans la volonté profonde de découvrir la Vérité et non de la voiler sont des outils formidables qui personnellement m'ont beaucoup apporté.
La mystique n'est pas à confondre avec la spiritualité, et même si la raison (et donc l'occident) les met dans le même panier parce qu'elle ne les comprend pas, ça ne veut pas dire qu'elles sont identiques. Il existe des chamanes capable de converser avec les morts mais souffrant de complexes d'Oedipe ainsi que des moines bouddhistes complétement fermés d'esprit. La mystique est l'étude des mondes invisibles, c'est à dire des parties de l'univers uniquement perceptible par les sens subtils de la conscience, tandis que la spiritualité concerne plutôt la transcendance du monde, c'est à dire la relation avec Dieu et donc avec soi-même. Quelqu'un qui voit ses vies antérieurs est certes mystique, mais il est le seul à savoir au fond de son coeur ce que ça lui apporte à lui et aux autres et pourquoi il se la ramène ou pas avec ça. Cela étant, la mystique peut beaucoup apporter et avoir des bénéfices (comme des maléfices) très puissant. Elle fait partie du monde et donc n'est pas à négliger quand elle se fait sentir, mais elle n'est essentielle ni incontournable. Personnellement, elle fait partie de mon chemin et m'intéresse beaucoup à l'instar du reste du l'univers.
J'ai toujours aimé le froid pour le miroir qu'il offre à soi-même, les sentiments nobles qu'il inspire et les bienfaits qu'il procure. J'ai ainsi étudié la méthode Wim Hof (record man de temps passé dans la glace : 2h), et rencontré Maurice Daubard (vice-champion du monde d'immersion dans la glace : 1h), et développe depuis ma propre relation au froid.
Même si cela peut sembler puéril, les coincidences jouent un rôle particulier dans ma vie et dans ma foi. J'en ai vécu de toutes sortes et de tout types, de la rencontre absurde à l'autre bout de la planète, au petit clin d'oeil du quotidien, et en vraiment grand nombre. Je ne vois pas en elles une quelconque preuve ou signe d'un créateur plus ou moins taquin, mais plutôt comme des rappels du miracle qu'est le monde, comme autant de petit symboles qui m'aident à prendre du recul et à percevoir la réalité autrement.
Je ne remercierai jamais assez la personne qui m'a fait découvrir le stop. Cette pratique est d'une telle richesse qu'il est impossible de pas en être séduit dès qu'on la rencontre. Hélas, elle n'est pas toujours accompagnée du confort et de la sécurité, valeurs si présentes aujourd'hui et si éloignées de l'amour et de la spiritualité...